Serge

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La première fois que nous t’avons vu, nous t’avons trouvé beau … et grand. Tu ressemblais à Jean Marais avec la voix d’un baryton russe.

Des années après, nous nous demandons encore comment tu as pu supporter une vie de famille recomposée avec trois adolescents Batlle qui ont mis un grand foutoir dans ton organisation d’ingénieur des Mines.

Quel charme n’as tu pas déployé pour nous apprivoiser ?

Tu as d’abord été un choc culturel. Tu étais toujours de bonne humeur et tu ne t’énervais jamais. Chez les Batlle, c’était inédit.

Tu aimais les bons repas, les bons produits, les bonnes bouteilles (quoi que tu n’étais pas contre la piquette catalane en été.) Avec toi, nous avons découvert que le poisson pouvait être cuit au four avec des légumes frais et non pas exclusivement frit et pané version carré surgelé avec coquillettes au beurre.

Tu as instauré une jolie règle que nous avons aussitôt adoptée : chacun d’entre nous devait préparer un repas par soir. Nous avons appris à cuisiner et savourer les plaisirs de la table.

Tu portais des chemises col Mao et jamais de cravate. Avec toi, l’opéra, le jazz et le rugby sont entrés dans notre vie. Et aussi de drôles de noms : Cesta, macroscope, futuribles, Transversales, nouvelles technologies de l’information, robotisation… Et des livres partout.

Tu n’aimais pas la médiocrité et nous a montré le chemin de l’exigence intellectuelle. Aujourd’hui encore, nous le cherchons !

Avec ton œil de lynx, tu passais les gens au rayon X. Et le constat tombait souvent et sans appel : « C’est un garagiste. » Du coup, nous n’osions pas te présenter nos amis ou amours de peur qu’ils n’entrent dans cette catégorie fatidique.

Tu as marqué de nombreuses personnes pour ton exceptionnelle intelligence mais pour nous tu étais simplement Sergio, comme maman te surnommais.

Tu aimais l’été à Puerto où tu t’es catalanisé, toi l’homme du Gers (quand même pas au point de danser la Sardane, tu préférais regarder maman le faire) mais tu as adopté la barque catalane que tu faisais vivement tanguer à chaque fois que tu y posais le pied, à notre grande terreur. Sur la terrasse de la Matinada, tu observais la mer et les chaluts, dégustais du « pan con tomate e anchoas » et du bras de Gitan avec un verre de blanc Pescador (ou deux, ou trois…) C’est là que tu nous as appris à observer les étoiles. Et plus tard, c’est là que tu jouais au 421 avec tes huit petits-enfants, biologiques ou non et qui s’aiment comme de « vrais » cousins.

Et puis il y avait maman et toi. Votre amour était si grand, si évident, qu’il s’est imposé à nous naturellement.

Nous avons construit une relation, non pas paternelle (nous avions un père et tu avais tes fils, Christophe et Alexandre) mais de tendresse pudique, d’estime affectueuse, de discrétion concernée. Tu ne nous as jamais fait de reproches, ni jugé et surtout, tu as cru en nous. Et c’est ton plus beau cadeau.

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