Interdit de sourire… En feuilletant un magazine dit féminin, je m’interroge. Est-ce écrit sur leur contrat que les mannequins doivent afficher un air d’ennui intersidéral ? Quel créateur peut bien croire que d’affecter une mine de tristesse, de déception ou d’emmerdement profond pourrait donner envie à l’éventuelle acheteuse de s’identifier à cette morosité ? Ras-le-bol qu’on nous impose ce diktat (et je ne parle pas de celui du jeunisme, de l’extrême maigreur ou du manque de diversité, longtemps débattu ailleurs mais malheureusement sans impact.) Non, ici, j’aimerais comprendre pourquoi, d’après les créateurs, directeurs artistiques ou autres acteurs de la mode, les femmes dont le boulot est de faire vendre des vêtements, sacs ou parfums doivent faire la gueule ? Quand je suis à un salon du livre, si je prends un air dégouté, personne n’aura envie de venir vers moi pour engager une conversation et éventuellement m’acheter un livre. C’est le b.a.-ba de la vente. Peut-être que les modeux pensent que cette je-fais-la-gueule attitude donne un air supérieur, évanescent, inaccessible et donc désirable qui provoquerait l’acte d’achat. Moi, le désir je ne le ressens pas. J’aurais plutôt envie de voir de beaux sourires de femmes bien dans leur peau, épanouies et heureuses. Pourquoi l’industrie de la mode est-elle à ce point à côté de la plaque ?